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Georges H. CARRE vu par les autres
La
conception plastique de l'artiste est classique au départ. L'influence
de l'Ecole des Beaux- Arts s'exerce, ce qui nous vaut d'admirables
dessins et, toute sa vie, le peintre dessinera d'abondance : portraits,
nus, natures mortes, paysages aussi. Il est, par contre, captivé par les
techniques et la façon de rendre la lumière. La couche de peinture est
épaisse, le couteau écrase largement la couleur déjà mélangée sur la
palette. La dominante colorée est assez sombre à base de bleus, de
violets, de terres d'ocre. Ce sont des toiles intimistes qui naissent à
cette époque et des portraits assez somptueux. De temps en temp,s un nu
intervient comme une musique à part.
Cette période de toiles
extrêmement travaillées dans la pâte va faire place à une période plus
dépouillée « pontavénienne » pourrait-on dire, qui va marquer le retour à
la terre de l'artiste.
Il y a, là-dedans, du Colas Breugnon cher
à Romain Rolland, le voisin peu éloigné mais ce que l'on constate,
c'est qu'il va vers la simplification de la tache colorée, qu'il gomme
le détail de plus en plus, ne gardant que l'essentiel du rythme. Entre
Dunoyer de Segonzac à qui il fait parfois penser et tel peintre fauve ou
héritier du cubisme, il a choisi sa voie, merveilleusement indifférent à
ce qui se fait. Familier des grands Salons où il expose chaque année,
il ne cherchera jamais à faire carrière comme on dit. Il aime trop l'art
pour se galvauder et c'est un sage. Mais lorsqu'on voit une
rétrospective telle que celle-ci on peut regretter qu'il n'ait pas voulu
suivre le mouvement avec tant de dons qui étaient les siens.
Jean BOURET (Ecrivain et critique d'art)
Extraits de la préface de l'exposition de 1979
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Les
paysages de Georges Carré sont empreints d'un grand caractère de
vérité, de franchise et de simplicité. Georges Carré écoute la leçon de
la nature et lui obéit fidèlement. Il sait que la réelle transcription
de l'atmosphère arrange tous les détails et préside à la composition.
Aussi ses ciels, ses fonds, tout le nimbe impalpable des solidités du
terrain, des arbres et des moissons sont-ils traités par lui avec un
soin dévoué; par la belle observation du vrai, il arrive à l'émotion
certaine.
Il a aimé ces décors agrestes, d'autant plus qu'il
était auparavant plutôt qu'un paysagiste, un évocateur des soirs
brillants de Paris, des milieux de fête et de lumière. Il a aussi doté
nombre d'exemplaires de luxe de bons livres, d'aquarelles intéressantes,
et il est habitué à traduire aux traits vifs et exacts, la pensée
littéraire. C'est par contraste une excellente préparation à l'art du
paysage véridique surtout quand on est comme Georges Carré un artiste
ému et un excellent technicien du dessin et de la couleur.
Gustave KAHN (Ecrivain et critique d'art)
Avant propos de l'exposition à la Galerie Carmine en mars 1927
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La
présente exposition du peintre Georges Carré classe vraisemblablement
cet artiste parmi nos meilleurs paysagistes. Dans une préface, comme il
sait les écrire, le maître Gustave Kahn fait justement ressortir les
grandes qualités de ce peintre loyal qui, sans s'embarrasser de
théories, tient essentiellement à faire de la peinture de peintre, en
ces temps où tant d'artistes élaborent des systèmes avant même que de
savoir nettoyer une brosse ou descendre un ton…. On remarquera donc les
excellents qualités plastiques de la plupart de ses nouveaux paysages :
les joubarts, la maison du tuilier, la ferme des poulets , entre autres,
ainsi que de quelques natures mortes traitées avec une fougue qui
n'exclue pas le sentiment. Et l'on conviendra avec Gustave Khan que
Georges Carré est un artiste dont l'œuvre mérite le plus franc succès.
Georges Turpin (Critique d'art)